Une des meilleures façons d’aborder un essai dont on ne sait pas grand-chose est de regarder sa Table, en fin d’ouvrage. Cette méthode se révèle encore plus efficace quand l’essai en question est politique et souffre d’un âge certain. En l’occurrence, Pan-Europa, de Richard Coudenhove-Kalergi, est paru en 1923… Pas la meilleure époque non plus pour prendre du recul et apporter un point de vue perspicace sur un sujet plutôt compliqué et tout à fait ignoré depuis des siècles : l’Europe unie. Alors pourquoi s’y intéresser aujourd’hui, en 2023, 100 ans après ?

Lisons la Table des matières…

I. L’Europe et le monde (avec, en 1., Le déclin de l’hégémonie mondiale de l’Europe, déjà…)

II. Les frontières de l’Europe (le sujet qui fâche…)

III. L’Europe et l’Angleterre (L’entente anglo-européenne, en 3., ce qui signifie que l’Angleterre ne serait pas européenne ? Tiens, tiens…)

IV. L’Europe et la Russie (en 4. Compromis et désarmement ! Mais non ?!)

V. L’Europe et l’Amérique (La Panamérique et la Paneurope : qu’est-ce que c’est que ça ?)

VI. L’Europe et la Société des nations (avec, en 3., La réorganisation de la Société des Nations, évidemment…)

VII. Le danger d’une guerre en Europe (en 1923, on comprend… Mais en 2023 ?!)

VIII. L’Europe après la guerre mondiale (en 2., La politique et l’économie européennes, parlons peu mais parlons bien.)

IX. L’Allemagne et la France (Le problème central de l’Europe… Et, en 4., Les chauvinistes et les Européens…)

X. La question nationale (tout de même quand même.)

XI. Les chemins vers la Paneurope (qui traite aussi des États, des partis et des adversaires de la Paneurope…)

Intéressant, non ? Ça résonne avec notre époque… Une lecture plus attentive de ce livre apporterait une lumière bienvenue sur les ombres des évènements que notre vieux continent vit depuis quelques années : Brexit, montée des extrémismes et des nationalismes, hégémonie russe, pression américaine, présence chinoise… Pourquoi nous en priver ? Au-delà de ces bienfaiteurs appels à la maturité, 100 ans après, soyons modestes et découvrons avec bonheur ce que ce jeune Hongrois de 29 ans (!), naturalisé français en 1939 (!!), a à nous enseigner. La préface de Michel Barnier, alors qu’il était en pleine négociation du Brexit en 2019, résume bien l’apport incroyable de la pensée de Richard Coudenhove-Kalergi : « Et il faut souligner les nombreuses intuitions du comte : la force d’entraînement du couple franco-allemand, la relation parfois complexe et pour le moins ambiguë avec le Royaume-Uni, la nécessité d’une Europe qui ne serait pas qu’économique mais intégrerait une dimension sociale et soutiendrait l’effort d’éducation et de recherche. Nous devons beaucoup à Coudenhove-Kalergi, y compris dans nos symboles comme l’hymne européen, et pourtant nous l’ignorons bien souvent. » 

L’Europe, malgré ses innombrables défauts, incarne un modèle unique de prospérité, d’universalité et de vertu démocratique dans le monde. Ne passons pas à côté d’une lecture qui a changé la vie de nos aînés et la nôtre.

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L’union européenne entre passé et présent