Au secours ! Le Covid-19 revient.*
La saison estivale qui s’achève n’a pas été un long fleuve tranquille. Réforme des retraites, manifestations, émeutes, réchauffement climatique, sécheresse, incendies, canicule, orages, inondations, on commençait presque par l’oublier, le Covid-19, alors que depuis le début de l’épidémie plus de 160 000 Français en sont décédés. Après une relative accalmie, les contaminations repartent à la hausse à l’image de l’inflation et des hausses de la fiscalité, mais rassurez-vous, il s’agirait d’une vaguelette et non d’un tsunami, du moins pour le moment !
Dans le cadre de son dispositif de surveillance de l’épidémie de Covid-19, Santé publique France note une augmentation de 47 % par rapport à la semaine du 7 au 13 août 2023 passant de 12,4 à 18,2 cas confirmés en laboratoire pour 100 000 habitants (bien en deçà de la réalité, car nombre de personnes symptomatiques ne se font pas tester). L’augmentation touche toutes les classes d’âge, mais c’est chez les personnes de plus de 80 ans, susceptibles de développer des formes graves, que l’incidence est la plus élevée : 68,8 chez les 90 ans et plus et 45,1 chez les 80-89 ans. La situation en France reste caractérisée par la co-circulation de nombreux sous-lignages d’Omicron, et en particulier de sous-lignages de XBB (XBB.1.5, XBB.1.9, XBB.1.16).
En revanche, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre de contrôle des épidémies (CDC) des États-Unis ont tous les deux annoncé la semaine dernière qu’ils surveillaient activement un nouveau variant qui n’a pour l’instant été observé qu’aux États-Unis, au Danemark et en Israël. Ce nouveau mutant, appelé BA.2.86, présente plus de 30 mutations au niveau de sa protéine Spike, celle qui permet au virus de pénétrer les cellules de l’hôte contaminé. Si l’impact de ces mutations est « encore inconnu » explique l’OMS, ce variant pourrait potentiellement être plus contagieux que ses prédécesseurs.
Le nouveau ministre de la Santé a rappelé l’importance de la vaccination de rappel des sujets à risque, alors que diverses études ont prouvé que l’efficacité du vaccin diminuait au bout de quelques mois. Mais ce n’est pas un scoop, on s’en est rendu compte depuis longtemps. Une nouvelle campagne vaccinale, à destination des personnes à risque, en particulier les sujets âgés de plus de 65 ans ou personnes souffrant de comorbidités, sera menée à l’automne, couplée à celle contre la grippe. Les autorités espèrent pouvoir disposer d’ici là des nouveaux vaccins adaptés au variant XBB.1.5, dont le développement est en cours chez Pfizer et Moderna.
Cela s’appelle préparer le terrain et tenter de faire diversion. Verra-t-on se renouveler les oppositions entre pro et anti-vaccins ? Assisterons-nous à un renforcement de la défiance envers les « Big Pharma » dont on a aussi oublié les superprofits qu’il ne faut surtout pas taxer ? L’heure est à l’austérité, même si ce mot déplaît. Le « quoi qu’il en coûte » a vécu. À présent, il faut, coûte que coûte, résorber le déficit budgétaire qualifié de colossal, de faramineux, de pharaonique. Les qualificatifs recèlent leur importance pour convaincre de la nécessité des mesures impopulaires à mettre en œuvre.
Emmanuel Macron avait promis de ne pas augmenter les impôts. Il va le faire quand même sans toucher ni à la TVA, ni à l’impôt sur le revenu, ni à l’impôt sur les sociétés, mais à quelques prestations sociales. Alors que le renoncement aux soins pour des raisons financières s’accroît, dans sa quête d’économies budgétaires, le gouvernement envisage de doubler les franchises médicales sur les médicaments et les actes ainsi que d’augmenter les plafonds au-delà desquels on est exempté. De même, pour réduire le coût croissant de l’absentéisme pour la sécurité sociale, il envisage d’impliquer davantage les employeurs en ajoutant un jour de carence supplémentaire en cas d’arrêt de travail. Autre proposition de Bercy : « imposer aux entreprises de se substituer à la sécurité sociale du quatrième au septième jour des arrêts maladie. Dit autrement, la sécurité sociale ne prendrait le relais qu’à partir de la deuxième semaine d’absence, s’épargnant ainsi les arrêts les plus fréquemment accordés par les médecins. » ** Mais les modifications prévues pénalisent essentiellement les très petites et moyennes entreprises (TPE et PME) qui sont vent debout contre cette mesure. Par ailleurs, les médecins, à qui l’exécutif demande d’augmenter leur patientèle pour pallier les déserts médicaux et dont les honoraires sont bloqués depuis des lustres, sont montrés du doigt et font l’objet de contrôles accrus de leurs prescriptions d’arrêts de travail, y compris pour les personnes qui sont concernées par le recul de l’âge de la retraite et qui exercent des métiers pénibles.
Après un été caniculaire, l’automne risque de l’être tout autant, au moins sur le plan social.
Sganarelle. – Vous êtes réti[fs] aux remèdes ; mais nous saurons vous soumettre à la raison. ***
I’m a poor lonesome doctor…
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* « Au secours ! La droite revient. » Slogan choisi par le parti socialiste pour sa campagne d’affichage en vue des élections législatives de 1986.
*** Molière, Le médecin malgré lui, Acte II, scène IV.