#gifle

3 juillet 2022

Jean Brousse

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Auteur et éditeur

Claque, séisme, douche froide, échec, blocage, camouflet, revers, un quinquennat mort-né et une France ingouvernable, une opposition déferlante, que n’a-t-on entendu, tout et n’importe quoi, et surtout n’importe quoi, après l’annonce finale des résultats de ces dernières élections législatives. C’est la fête aux superlatifs inutiles. Les sondeurs ont patiné grave entre dix-neuf et vingt-et-une heures. Les journalistes convoqués sur les plateaux commentent à chaud un verdict des urnes auquel ils ne s’étaient paresseusement pas préparés, débordés sur leur centre. Ils hésitent entre crise institutionnelle, dissolution à court terme, renvoi de la Première ministre et du gouvernement. Cassandres avides de scoop, ils rivalisent de platitudes. Désemparés, ils ne trouvent qu’à gloser sur les conséquences de tout ça pour 2027, au moins, ça n’engage pas à grand-chose. Le mage Jean-Michel Apathie perdu dans ses fantasmes s’inquiète avec son accent soigneusement entretenu des conséquences sur la finance internationale. Rassurez-vous, JMA, le CAC 40 a progressé de 3% cette semaine.

La situation n’est pourtant pas inédite, on s’en est heureusement assez vite souvenu. La palette hémicyclale représente peu ou prou le paysage sociologique du pays et la constitution s’en accommode assez bien. La majorité a une majorité, relative certes, mais assez significative, n’en déplaise à quiconque, et les oppositions retrouvent des couleurs. Bon, d’accord, Jean-Luc Mélenchon trumpise et ne veut pas croire qu’il n’a pas gagné. Son projet d’OPA sur ses partenaires de Nupes a fait long feu, et la coalition d’un moment se délite comme se défont sous les orages les ravaudages rapides d’une maison Phénix. Son hologramme sera Premier ministre un jour dans le Métavers. Finalement, LFI aura moins de députés que madame Le Pen, qui va bien devoir apprendre à tenir ses troupes pour éventuellement contribuer au débat national. Une rencontre avec le principe de réalité ne peut nuire à personne, ni au pouvoir d’achat. Elle pourrait permettre de passer les promesses utopiques au « contrôle qualité ». Les extrêmes sont-elles solubles dans la démocratie ?

Sur leur lancée, les commentateurs accusent sournoisement le Président de prendre son temps. Il aura pourtant très vite réuni ses équipes et invité dès mardi l’ensemble des leaders de l’opposition à l’Élysée. Il a refusé la démission de madame Borne. En lui opposant une fin de non-recevoir, ne sont-ce pas ses détracteurs, peut-être eux-mêmes surpris de leur succès, qui enrayent volontairement un processus fécond de réflexion sur la manière de faire ?

Étrange pays que notre belle France qui se fabrique un parlement à son image, et l’entrave aussitôt dans son action. Sommes-nous condamnés à des cohabitations stériles, à l’attentisme et l’inaction ? Les Allemands, les Italiens et les Espagnols se satisfont de « majorités constructives » d’action et de coalitions de sensibilité. Compromis n’est pas un gros mot, s’il est envisagé avec bonne volonté.

« Comment penser la démocratie en France ? Comment fonder des liens entre les individus et les groupes, afin qu’un avenir commun puisse être envisagé ? » s’interroge Dominique Schnapper (De la Démocratie en France, Odile Jacob). en France et ailleurs, quand l’abstention ronge l’efficacité des urnes et quand le discrédit du personnel politique s’installe, au moment même où la Cour suprême des États-Unis revient sur le droit à l’avortement, où dans de terribles combats incertains le peuple ukrainien résiste pour défendre cette belle idée.

Juillet pointe enfin à l’horizon de la semaine.

Vacance pour vacances, pensons-y sur la plage.

Bel été.

N’oubliez pas votre imperméable, votre paratonnerre, et votre carte d’électeur. On ne sait jamais !

Je vous embrousse très fort,

Claque, séisme, douche froide, échec, blocage, camouflet, revers, un quinquennat mort-né et une France ingouvernable, une opposition déferlante, que n’a-t-on entendu, tout et n’importe quoi, et surtout n’importe quoi, après l’annonce finale des résultats de ces dernières élections législatives. C’est la fête aux superlatifs inutiles. Les sondeurs ont patiné grave entre dix-neuf et vingt-et-une heures. Les journalistes convoqués sur les plateaux commentent à chaud un verdict des urnes auquel ils ne s’étaient paresseusement pas préparés, débordés sur leur centre. Ils hésitent entre crise institutionnelle, dissolution à court terme, renvoi de la Première ministre et du gouvernement. Cassandres avides de scoop, ils rivalisent de platitudes. Désemparés, ils ne trouvent qu’à gloser sur les conséquences de tout ça pour 2027, au moins, ça n’engage pas à grand-chose. Le mage Jean-Michel Apathie perdu dans ses fantasmes s’inquiète avec son accent soigneusement entretenu des conséquences sur la finance internationale. Rassurez-vous, JMA, le CAC 40 a progressé de 3% cette semaine.

La situation n’est pourtant pas inédite, on s’en est heureusement assez vite souvenu. La palette hémicyclale représente peu ou prou le paysage sociologique du pays et la constitution s’en accommode assez bien. La majorité a une majorité, relative certes, mais assez significative, n’en déplaise à quiconque, et les oppositions retrouvent des couleurs. Bon, d’accord, Jean-Luc Mélenchon trumpise et ne veut pas croire qu’il n’a pas gagné. Son projet d’OPA sur ses partenaires de Nupes a fait long feu, et la coalition d’un moment se délite comme se défont sous les orages les ravaudages rapides d’une maison Phénix. Son hologramme sera Premier ministre un jour dans le Métavers. Finalement, LFI aura moins de députés que madame Le Pen, qui va bien devoir apprendre à tenir ses troupes pour éventuellement contribuer au débat national. Une rencontre avec le principe de réalité ne peut nuire à personne, ni au pouvoir d’achat. Elle pourrait permettre de passer les promesses utopiques au « contrôle qualité ». Les extrêmes sont-elles solubles dans la démocratie ?

Sur leur lancée, les commentateurs accusent sournoisement le Président de prendre son temps. Il aura pourtant très vite réuni ses équipes et invité dès mardi l’ensemble des leaders de l’opposition à l’Élysée. Il a refusé la démission de madame Borne. En lui opposant une fin de non-recevoir, ne sont-ce pas ses détracteurs, peut-être eux-mêmes surpris de leur succès, qui enrayent volontairement un processus fécond de réflexion sur la manière de faire ?

Étrange pays que notre belle France qui se fabrique un parlement à son image, et l’entrave aussitôt dans son action. Sommes-nous condamnés à des cohabitations stériles, à l’attentisme et l’inaction ? Les Allemands, les Italiens et les Espagnols se satisfont de « majorités constructives » d’action et de coalitions de sensibilité. Compromis n’est pas un gros mot, s’il est envisagé avec bonne volonté.

« Comment penser la démocratie en France ? Comment fonder des liens entre les individus et les groupes, afin qu’un avenir commun puisse être envisagé ? » s’interroge Dominique Schnapper (De la Démocratie en France, Odile Jacob). en France et ailleurs, quand l’abstention ronge l’efficacité des urnes et quand le discrédit du personnel politique s’installe, au moment même où la Cour suprême des États-Unis revient sur le droit à l’avortement, où dans de terribles combats incertains le peuple ukrainien résiste pour défendre cette belle idée.

Juillet pointe enfin à l’horizon de la semaine.

Vacance pour vacances, pensons-y sur la plage.

Bel été.

N’oubliez pas votre imperméable, votre paratonnerre, et votre carte d’électeur. On ne sait jamais !

Je vous embrousse très fort,

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